
Comment Cheikh Diba compte-t-il gérer la dette sénégalaise ?
Plan de réduction du déficit budgétaire
Pour s’attaquer à la problématique de la dette, Cheikh Diba mise d’abord sur une réduction significative du déficit budgétaire du Sénégal. Concrètement, cela signifie aligner au mieux les dépenses de l’État sur ses recettes afin d’éviter de recourir systématiquement à l’endettement pour combler l’écart. Le ministre des Finances a ainsi annoncé un ensemble de mesures destinées à rationaliser les dépenses publiques. Parmi ces mesures, on retrouve l’idée de prioriser les projets d’investissement : les programmes jugés essentiels pour la croissance ou le bien-être de la population sont maintenus, tandis que d’autres, moins urgents ou moins efficients, sont reportés ou étalés dans le temps. Cheikh Diba encourage également chaque ministère à identifier des économies possibles dans son fonctionnement, par exemple en limitant les dépenses de prestige, en réduisant certaines subventions mal ciblées ou en optimisant les achats de l’administration grâce à des appels d’offres groupés.
En parallèle, le ministre travaille à doper les recettes fiscales sans pour autant alourdir excessivement la pression sur les contribuables. En tant qu’ancien cadre de l’administration fiscale, Cheikh Diba met l’accent sur l’amélioration du recouvrement des impôts existants. Cela passe par la modernisation des outils informatiques de collecte, la formation des agents pour traquer plus efficacement la fraude, et une meilleure sensibilisation des citoyens à l’importance de l’impôt. Des mesures pourraient également voir le jour pour élargir l’assiette fiscale : intégration progressive de l’économie informelle dans le champ taxable, et révision de certaines niches fiscales ou exonérations qui pèsent sur les revenus de l’État. L’objectif est d’augmenter les recettes de l’État de manière durable et équitable. En combinant cette hausse des recettes avec la modération des dépenses, Cheikh Diba vise à ramener le déficit budgétaire à un niveau soutenable (par exemple en dessous de la barre des 3% du PIB à moyen terme, conforme aux critères de convergence de la CEDEAO ou de l’UEMOA). Un déficit réduit permettra de freiner la progression de la dette, voire à terme de la stabiliser, condition indispensable pour retrouver des marges de manœuvre financières.
Stratégie de restructuration de la dette
Au-delà de l’ajustement budgétaire, Cheikh Diba envisage une gestion active du stock de la dette existante, ce qui peut inclure des mesures de restructuration. Conscient que le niveau actuel d’endettement est difficilement soutenable, il explore des options pour en alléger le poids sur l’économie sénégalaise. L’une des premières étapes de sa stratégie consiste à conduire un audit exhaustif de la dette publique, afin d’en avoir une vision claire : identification des créanciers (bilatéraux, multilatéraux, privés), des échéances les plus rapprochées et des taux d’intérêt appliqués. Sur cette base, des priorités d’action se dégagent. Pour les emprunts à court terme ou à taux élevé, le ministre cherche à renégocier les termes. Des discussions diplomatiques peuvent être initiées avec certains pays prêteurs pour réaménager la dette bilatérale, en obtenant par exemple un étalement des paiements sur une période plus longue ou une diminution des taux d’intérêt. Avec les partenaires multilatéraux, Cheikh Diba peut solliciter des appuis sous forme de prêts concessionnels destinés à rembourser par anticipation des dettes plus onéreuses – une sorte de refinancement avantageux qui réduit la charge future.
Dans le cas de la dette commerciale, comme les obligations émises sur les marchés internationaux (Eurobonds), la stratégie reste délicate car il s’agit de contrats juridiques stricts. Néanmoins, le Sénégal pourrait envisager de lancer des opérations de rachat partiel de ces obligations si les conditions de marché le permettent, ou de proposer un échange de titres (debt swap) où les investisseurs actuels se verraient offrir de nouvelles obligations à plus longue échéance en substitution des titres arrivant à maturité. Cheikh Diba doit mener ces démarches avec précaution pour préserver la réputation du pays sur les marchés : une restructuration trop agressive risquerait de ternir la confiance des investisseurs. C’est pourquoi il insiste sur la transparence de la démarche et, autant que possible, sur la concertation avec les créanciers. En parallèle, il compte sur le soutien des institutions internationales. Par exemple, s’engager dans un programme de référence avec le Fonds Monétaire International pourrait faciliter les négociations de dette en offrant un cadre et une crédibilité aux efforts du Sénégal. En somme, la stratégie de Cheikh Diba pour la dette s’articule autour de la notion de reprofilage : réorganiser les échéances et les conditions de remboursement pour les rendre compatibles avec les capacités financières du pays, tout en s’assurant que cette gestion active ne ferme pas la porte à de futurs financements dont le Sénégal pourrait avoir besoin pour son développement.
Outils et réformes pour améliorer la gestion financière
Cheikh Diba accompagne son plan d’assainissement par une série d’outils et de réformes visant à améliorer durablement la gestion des finances publiques, de sorte que le pays ne se retrouve plus dans une situation d’endettement critique. L’un des piliers de cette approche est le renforcement des systèmes de gestion et de suivi budgétaire. Concrètement, le ministère déploie des logiciels intégrés de gestion des finances publiques (souvent appelés SIGFIP) pour assurer une traçabilité de chaque dépense de l’État en temps réel. Ces outils permettent de mieux contrôler l’exécution du budget et d’éviter les dérives ou les dépenses engagées sans couverture financière.
Parallèlement, des réformes institutionnelles sont en cours pour clarifier les rôles et responsabilités dans la gestion de la dette. Une unité dédiée au suivi de la dette publique, composée d’experts en ingénierie financière, peut avoir été créée ou renforcée. Cette équipe a pour mission d’évaluer régulièrement la soutenabilité de la dette et de proposer des ajustements de stratégie en fonction de l’évolution des indicateurs économiques. Cheikh Diba encourage également la publication régulière de rapports sur la dette et la situation budgétaire, afin d’améliorer la transparence vis-à-vis du Parlement, des partenaires et des citoyens.
En matière de réformes légales, le ministre peut soutenir l’introduction de règles plus contraignantes pour l’endettement public. Par exemple, inscrire dans la loi des finances une limite au déficit annuel ou à la dette par rapport au PIB, en ligne avec les engagements communautaires, de façon à créer un garde-fou. De plus, la gestion financière de certaines entreprises publiques fait l’objet d’une attention particulière : les dettes contractées par les sociétés nationales, quand elles bénéficient de la garantie de l’État, doivent désormais être plus strictement contrôlées pour éviter qu’elles ne dégénèrent en passifs pour le Trésor public.
Enfin, Cheikh Diba mise sur la professionnalisation continue des agents du ministère des Finances. Des programmes de formation et de certification sont encouragés pour maintenir un haut niveau d’expertise technique dans les services. Il s’agit de s’assurer que les cadres qui préparent les budgets, supervisent les dépenses ou négocient les emprunts disposent des compétences les plus à jour en matière de gestion financière publique. Grâce à cet arsenal d’outils modernes et de réformes structurelles, l’objectif affiché est de rendre la gestion des finances de l’État plus prévisible, efficace et résiliente. Cela créera, à long terme, un environnement où la dette peut être maîtrisée et où les dérapages budgétaires appartiendront au passé.